Descriptif :
Pourquoi un livre de plus sur W.A. Mozart ?
Aucun artiste n’a fait couler autant d’encre que Wolfgang Amadeo Mozart – essentiellement en Allemagne et dès les années 1800 -, et l’on pourrait croire que tout a été dit sur celui qui fut, sans conteste, le compositeur-phare de la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Mais la musicologie est une science qui progresse tous les jours et bien des documents ont été exhumés depuis la sortie, au siècle dernier, des ouvrages de référence sur le sujet – comme l’indispensable «Mozart» en langue française de Jean et de Brigitte Massin (Fayard), dont la première édition date de 1958 et la dernière mise à jour de 1990.
L’essai - remarquable et très technique - de Philippe A. Autexier (aux éditions Champion), l’un des plus fiables, remonte tout de même à 1987 et sa lecture – sans parler de sa compréhension - est plutôt réservée aux musiciens et aux familiers des analyses très pointues.
Quant au lumineux ouvrage de Norbert Elias: «Mozart, Sociologie d’un génie» (Le Seuil), il fut hélas interrompu par la mort de son auteur en 1990 et ne traite (avec brio) que des premières années du compositeur. Tandis que le passionnant «Requiem, au coeur de l’oeuvre ultime de Mozart» de Florence Badol-Bertrand (paru en 2006 chez Harmonia Mundi) n’est consacré, lui, qu’au tout dernier chef d’œuvre du génie de Salzbourg.
Michèle Lhopiteau-Dorfeuille, musicologue et chef de choeur inconditionnelle de la musique de Mozart - qu’elle est amenée à souvent diriger -, a donc décidé de faire abstraction à la fois du film «Amadeus» et de tout ce qu’elle avait pu lire pendant et depuis ses études au Conservatoire de Bordeaux; pour effectuer un salutaire retour aux sources en s’immergeant plusieurs mois dans la correspondance complète de la famille Mozart - une correspondance réunie et classée chronologiquement en sept tomes de 500 pages, annotée par Wilhelm Bauer, Otto Deutsch et Joseph Heinz Eibl et disponible en français depuis 1994 (chez Flammarion). Elle y a, au fil des jours et des pages, découvert un compositeur beaucoup plus mûr, beaucoup plus drôle, beaucoup plus «moderne», en fait, que l’image d’«éternel enfant» un peu niais qui en est trop souvent véhiculée. En citant de nombreux et larges extraits de ces lettres, elle a ensuite tenu à mettre le lecteur en prise directe avec les personnages - s’efforçant de faire le moins possible écran entre eux et lui.
Par sa lecture profondément humaine et empathique des relations entre Mozart et les siens, Michèle Lhopiteau-Dorfeuille a su nous faire oublier son long et minutieux travail de recherche et de synthèse, en nous donnant toutes les clés pour comprendre et aimer le personnage qu’elle nous présente sous divers éclairages : sa condition de musicien sous l’Ancien Régime, son «enfance prodige», ses relations avec les femmes, son rapport à la mort.
Les 120 minutes d’illustrations sonores qui accompagnent ce livre – comme tous ceux de l’auteur - sont là parce que Mozart, même s’il écrivait très bien, est avant tout un musicien; et parce que l'écoute de 32 extraits replacés dans leur contexte - des airs complets d’opéra, des mouvements entiers de concertos et de sonates, des pièces sacrées, de la musique de chambre, de la musique maçonnique, tous (à trois exceptions près) en provenance du riche catalogue Naxos – nous éclaire bien plus que de longs discours.
Ses recherches très poussées ont même amené l’auteur à comprendre, à sa grande surprise car elle croyait l’affaire depuis longtemps classée, de quoi et pourquoi Mozart – qui n’a jamais été jeté à la fosse commune ! – était mort à presque 36 ans; au moment où son immense talent était enfin reconnu et où tout lui souriait.
Au cours de cette minutieuse enquête, Michèle Lhopiteau-Dorfeuille fit d’ailleurs une autre découverte, moins dramatique celle-là mais tout aussi inattendue: que les premières notes et le dessin rythmique de «La Marseillaise» - dont seules les paroles sont, en réalité, de Rouget de Lisle – proviennent en droite ligne, et en toute connaissance de cause, d’un concerto de Mozart !
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